Quelques jours de vacances et puis s'en vont. Cette semaine auprès d'Isa est passée à une vitesse folle et déjà il faut retourner à la fac. Par contre les prochaines vacances risquent d'arriver très vite. Ici ça y est l'hiver est arrivé, temps gris et frais, nuit à cinq heures et demie.
Mais qui dit hiver dit aussi neige. Et ce samedi nous sommes partis pour la première sortie de ski de rando de la saison (je tiens à rassurer tout le monde, bien que je parle de ski de randonnée je suis toujours en snow... même si l'envie de reprendre une paire de lattes me démange de plus en plus!!). Rendez vous de l'autre côté de Santiago donc il me faut prendre le bus de bon matin avec tout mon bazar. Les gens me regardent avec un drôle d'air... En arrivant là-bas je me rends compte que la sortie à de gros risques de se transformer en un bon B4 (cotation but: Nimp Crew). En effet la sortie a lieu sur la frontière avec l'Argentine et bien sûr j'ai oublié mon passeport. Je tente le coup de passer avec la carte d'identité chilienne, au risque de les attendre à la douane toute la journée. Nous mettrons beaucoup de temps à couvrir les 140 kilomètres qui nous séparent de la frontière, et c'est après avoir remonté des kilomètres de camions en attente à la douane que nous arrivons à destination. Nous démarrons tranquillement en direction du Cristo Redentor. Pas de performance en vue, la plupart des gens n'ayant que peu d'expérience du ski de rando. Elie prend rapidement les commandes et je suis tant bien que mal. Mais l'altitude et le manque d'entraînement se font sentir. En effet nous garons la voiture à 3200m... Les Andes c'est haut!!! Nous arrivons une demi heure avant les autres mais le froid et surtout le vent m'empêchent d'apprécier la beauté du site à sa juste valeur. Il est assez surprenant de voir, quand on débouche au niveau du col, un Christ en Bronze de plusieurs mètres de haut!! Après que tout le monde ait avalé un morceau nous commençons la descente. La neige est assez bonne, revenue et je me fais plaisir sur les contre-pentes. Bien que pas très raide il y a assez de pente pour que je n'aie pas à déchausser, ce qui est toujours un plaisir!!
Par contre, même si le dénivelé n'avait rien d'exceptionnel (600m) mes mollets me font bien souffrir. Il va falloir que je me remette en route!!
Improbable sortie de ski de rando en ce dimanche. Le programme était plutôt aux études, car j'entamais le lundi ma dernière semaine de contrôle. Mais Jean m'appelle pour me dire que, peut-être (sous réserve que sa copine n'insiste pas trop pour monter en piste...), peut-être pourrait-il monter en ski de rando ce week-end. Et à cette occasion il voulait savoir si de mon côté je serais disponible. Vu les quantités de neige tombées les jours précédents je me laisse tenter, au dépend de mes révisions. Mais quelques heures et une séance de pan (t'es mort...) plus tard ce même Jean me rappelle pour m'annoncer que tout compte fait il monte en station. Je n'ai que moyennement envie de faire la queue aux remontes pentes donc j'envisage déjà de retourner à mes cahiers. Une fois raccroché, j'appelle tout de même Elie pour savoir s'il ne serait pas tenté de profiter du pickup de Jean et monter en rando avec moi. Lui aussi pensait passer un dimanche studieux mais se laisse facilement convaincre. Rendez vous est donc donné le lendemain matin chez Jean.
Dimanche matin donc,en route vers la Parva. Arrivés là-haut, nous envisageons remonter vers le Pintor s'il est possible d'utiliser les remontées jusqu'au point le plus haut de la station. Malheureusement le forfait aller simple n'est pas encore disponible en ce début de saison... Donc on décide de remonter les pistes. Arrivés en haut on prend la direction du Cerro la Parva. Une fois remontés au col nous entamons une traversée sur une neige tassée sur laquelle le splitboard glisse désesperement!!! Je pense que ce sera une de mes dernières saisons de snow... Après avoir déchaussé et brassé pour rejoindre Elie nous reprenons notre montée... pour quelques mètres seulement car le poulet périmé de la veille que j'ai fait l'erreur de manger, combiné à l'effort et l'altitude (plus de 3800m) ont raison de ma volonté. Nous commençons à nous préparer à redescendre quand le temps se met au mauvais, au très mauvais version tempête de neige, visibilité réduite. On retrouve tant bien que mal les pistes que nous essayons de redescendre au mieux. Effet du poulet ou de le descente dans la purée de pois j'ai un vague mal au coeur et la tête qui tourne un peu. Arrivés en bas on se met à l'abri pour avaler un morceau et appeler Jean pour savoir ce qu'il fait. Il nous annonce qu'ils vont s'arrêter sous peu et viennent nous retrouver. Nous décidons de mettre à profit ces quelques minutes pour jouer avec les ARVAs (on est pas trop rouillé sur des recherches simples)
Grande première, ce week end je suis allé pour la première fois jouer des crampons et des piolets en cascade. Jeudi dernier,le temps est annoncé au beau fixe pour ce Week-end prolongé. Elie tient à rester à Santiago pour récupérer de la soirée du vendredi avant de partir pour une semaine dans le Cajon del Maipo, donc j'appelle Jean pour lui proposer d'aller faire prendre l'air à nos peaux de phoques. Mais celui-ci est plutôt tenté par un petit tour à Yerba Loca, spot de glace à côté (ça c'est que je croyais) de Santiago. Que cela ne tienne, ça fait longtemps que j'avais envie de m'essayer à cet exercice, j'accepte donc avec entrain la proposition. Ce sera aussi l'occasion de faire un trou dans ma bourse Rhône-Alpes en allant m'acheter une paire de chaussure d'alpi. Comme on ne peut pas entrer dans le parc géré par la CONAF qu'avant 17h et après 9h(pratique...), rendez-vous est pris à 7h30 samedi matin chez Jean. Le temps de charger le pick-up, de passer récupérer Hervé (encore un autre "franchute" expatrié par ici) et nous nous retrouvons à l'entrée du parc où nous rencontrons toute la clique du DAV (Club Andiniste Allemand), venue en force pour jouer avec les glaçons.
Une fois remplis les papiers donnant nos noms et objectifs,nous continuons jusqu'au bout de la piste où nous préparons les sacs. Partir pour trois jours implique tout de suite une logistique plus lourde. C'est donc avec de bons gros sacs que nous commençons la marche d'approche qui s'annonce longue (17km pour 1000m de dénivelé...) pendant que les gens du DAV commencent à charger les mules qu'ils ont louées. D'ailleurs rapidement ils nous dépassent, tout allégés qu'ils sont de leurs piolets broches et autres tentes et sacs de couchage. Mais rapidement la neige entrave la progression des mules et il leur faut décharger tout leur équipement. Nous passons à leur niveau à ce moment là en nous disant qu'ils ne vont pas s'amuser avec le rab' de matos qu'ils avaient pris, pensant pouvoir utiliser les mules jusqu'au camp de base. On continue notre lente progression et arrivons en fin d'après-midi au camp de base. On se pose deux minutes la question de savoir si l'on tente une longueur avant la nuit, mais la fatigue et la perspective d'avoir à monter tout le bivouac de nuit nous décide à rester. D'autant que le soleil se planque et que le froid arrive d'un coup. On se glissera donc dans les sacs de couchage en attendant que chauffe la soupe au vermicelle qui sera vite avalée. A 8h extinction des feux après avoir appris par Koka que le DAV s'est arrêté 100m plus bas, les charges étant trop lourdes.
Dimanche nous nous levons tranquillement, nous avons toute la journée devant nous... Mais le temps d'avaler le petit déjeuner et le groupe du DAV ainsi que les deux ou trois autres cordée sont déjà à pied d'oeuvre. Il ne nous reste plus qu'à enfiler les doudounes et à attendre sagement notre tour, devant un spectacle d'incompétence de la part de certains grimpeurs chiliens réputés comme étant parmi les meilleurs du pays. La sécurité ne semble pas pour tous une priorité... Viendra enfin mon tour de m'essayer aux joies du piolet traction. Histoire de sentir un minimum le manche de mon piolet je lâche mes gros gants pour mes petits en windstopper. La glace est raide et si les piolets ne semblent pas trop récalcitrants à se planter là où je le souhaite, mes pieds eux sont à la peine et j'ai du mal à trouver mes appuis... Par contre je commence déjà à regretter mes gros gants, mes doigts gourds répondant de moins en moins... Une fois arrivé en haut je peux enfin lâcher mes manchons et le sang reprend le chemin des extrémités. Ce week-end ne fut pas seulement celui de la découverte de l'escalade en glace mais aussi de ce que peut être une sévère onglée, du genre à vous faire gueuler... Je ne referais pas le même erreur par la suite et je n'ai pas quitté mes gros gants du reste de la journée. La seconde voie, moins raide, me permettra de réellement apprécier le jeu, je comprends peu à peu les placements de pieds et le rythme à adopter. J'aurais le temps de m'essayer dans une dernière longueur avant que l'on ne reprenne le chemin de la tente.
Peu après manger le temps se dégrade, il commence à neiger et le vent rentre en jeu. Cela durera toute la nuit et le matin venu nous décidons de tous redescendre sans tarder. Nous plions en vitesse le camp et nous mettons en route. La neige ne s'arrête pas de tomber et n'ayant pas prévu assez de lentilles j'ai déjà les lunettes couvertes de givre, je finirai donc la descente dans un flou des plus artistiques. Rapidement la neige se transforme en une pluie régulière. Pénible. La neige gorgée de flotte ne rend pas la progression aisée... Après deux heures et demi sous la flotte nous arrivons enfin à la voiture, il est 12h30. Reste maintenant à savoir si nous pourrons prendre la route qui normalement n'est ouverte à la descente qu'à partir de 16h. Par chance il semble que les "carabineros" aient avancé l'horaire aux vues des conditions. Affamés nous décidons de profiter del'aubaine pour faire une pause pour remplir la panse. A l'entrée du resto la serveuse hésite quelques instants avant de nous laisser rentrés. Nous ne ressemblons pas à grand chose, trempés jusqu'aux os, avec nos chaussures d'alpi aux pieds. Et surtout je pense que les chiliens assis aux tables alentours auront maintenant de bonnes raisons de dire que les français puent...