En ce mois de juillet du beau monde est de passage au Chili et c'est en compagnie d'Isa, de Maria, de Florian et de Sylvain que j'ai passé mes vacances de mi semestre entre le Chili et la Bolivie. Isa a fait un très bon compte rendu de nos péripéties donc je ne vous raconterai que notre aventure au Parinacota.
Ce volcan s'est présenté à moi lorsque mes parents m'ont offert un livre de photo sur le Chili. Sur la couverture un fier volcan, un cône parfait se reflétant dans un lac rose. Ce jour là je me suis dit qu'il fallait absolument que j'aille y faire un tour. En février dernier, lorsque toute la famille est venue faire un tour dans ces contrées, Flo et moi sommes restés frustrés de ne pas avoir le temps de réaliser l'ascension du San José. Mais à ce moment là nous nous sommes mis en tête de profiter de mes vacances suivante pour monter une petite expé sur ce volcan qui m'attirait tant.
Après avoir passé une semaine à voyager en Bolivie nous quittons les filles à La Paz et prenons le bus à 6h00 direction la laguna Chungara. Là le bus nous laisse sur le bord de la route à 4500m d'altitude, au niveau du refuge de la CONAF (l'ONF chilienne). Nous espérons y trouver le garde parc pour le prevenir de notre ascension mais celui ci nous annonce-t-on est redescendu au village a 30km de là... Nos espoirs de nous faire transporter en 4x4 le long des premiers 10km de piste s'envolent. Nous resterons tout de même dormir aux abords du refuge, peut-être qu'il lui prendra l'envie de venir faire un tour dans la soirée. Nous passons donc le reste de l'après midi à nous promener aux alentours de la lagune, à observer les oiseaux et les vicuñas qui paissent aux alentours. Il est difficile d'imaginer que quelques dizaines d'années plus tôt celles-ci étaient en voie d'extinction. Aujourd'hui d'innombrables troupeaux peuplent l'altiplano.
Le lendemain matin réveil à 5h30 (rien de bien difficile quand on se couche à 19h) pour un départ à 7h00 pour une longue marche d'approche. La première partie ne pose pas de problème et consiste en une piste sablonneuse qui évolue entre les étangs. Nous la quittons un peu trop tôt pour couper à travers des dunes puis un pierrier de bombes volcaniques. Nous soufflons quand nous émergeons de ce dédale de blocs aux arêtes vives et coupantes. Nous traversons ensuite de grands champs de pierre ponce posé sur de la cendre. Nous avons l'impression de marcher sur la lune.
Nous remontons peu à peu les flancs du volcan. Sylvain souffre un peu de l'altitude et des restes de ses problèmes d'estomac de la semaine précédente. Nous l'allégeons mais en arrivant au camp il nous dira que le sommet se tentera sans lui. Nous montons celui ci à la limite de la neige, sur un replat vers 5300m. Le vent souffle fort et en continu. Nous passons près d'une demi heure à monter un muret pour protéger la tente. L'effort est assez violent et nous fait un peu tourner la tête. Nous nous mettons ensuite à faire fondre de la neige pour le dîner et le lendemain. Pendant ce temps le vent n'arrête pas de souffler, levant des nuages de poussière qui s'infiltre partout. Ca crisse sous les dents. Après s'être cimenté le palais à grands coups de lyophilisés on s'effondre. La nuit est un peu courte et nous sommes un peu serrés à trois dans la tente. Coincé entre les deux autres je me réveille plusieurs fois au bord de l'asphixie, le nez dans les plumes de mon voisin...
2 heures le réveil sonne. On avale un morceaux, on enfile les couches et c'est parti. Il fait nuit noire et nous ne sommes pas vraiment sûr d'être sur le bon chemin. Nous avançons pas trop mal pendant les deux premières heures, remontant la pente neigeuse en nous abritant du vent de temps à autre derrière les cailloux. A 7 heures le soleil émerge peu à peu. nous sommes encore 300m sous le sommet, bien essouflés quand nous débouchons sur l'arête. Nous remontons encore 50m mais le vent est très fort et nous avons l'impression de ne pas avancer. Après deux minutes de discussion nous décidons d'un commun accord de faire demi tour. Manque d'habitude de l'altitude, beaucoup de vent et un peu de dégonflage je suppose. A la redescente nous pouvons voir l'ombre immense du volcan qui se projette sur l'altiplano: Superbe. Deux heures plus tard nous sommes de retour à la tente. Soulagement de se mettre a l'abri du vent. Nous buvons un coup puis commençons à plier les affaires. Le démontage de la tente sera un combat de 20 minutes. Après quoi nous nous remettons en route pour le long, très long retour. La piste sablonneuse nous semble interminable! La fatigue se fait sentir, nous commençons à rire bêtement, pour rien...
Nous arrivons au bord de la route vers 17h. On récupère les quelques affaires que nous avions planquées et commençons à faire du stop. Pas beaucoup de voiture, surtout des camions boliviens qui descendent sur Arica. Au bout d'une demi heure l'un d'eux s'arrête. "Parfait, pensons-nous, nous serons ce soir à Arica, attablés autour d'un steack, après une bonne douche et nous pourrons dormir dans un lit confortable." Il n'en sera rien... Arica n'a beau être qu'à 160km de là, la pente est forte et le camion descend entre 20 et 30km/heure. On s'arrête dans un routier à 8h pour avaler une "cazuela", il reste 100km... On reprend la route et nous piquons du nez, pliés en quatre dans la cabine. A 23h le camion s'arrête, nous sommes a 35km d'Arica mais notre chauffeur est fatigué. AU choix nous pouvons ou nous serrer dans la cabine ou dormir sur les sacs de soja dans la benne. Nous choisissons la cabine. Sylvain et Flo s'accomode sur les sieges mais j'ai le droit de dormir dans une des couchettes. A peine le temps de fermer les yeux que déjà il est temps de repartir. Nous arrivons à 6h30 au terminal routier. Le temps d'offrir le petit déjeuner à notre bienfaiteur et nous repartons en taxi vers le centre. OUF nous allons pouvoir nous poser!
Les jours suivants nous profitons de la ville, allons surfer, bouffer, et récupérer avant le retour des filles