Aperçue pour la première fois au détour d'un AlpiRando (lorsque le magazine était encore digne d'intérêt...), la Grande Casse me tente depuis le début de l'hiver... Les conditions ont l'air pas trop mauvaises et comme Maria et Isa refusent notre invitation à découvrir le ski de rando on se décide.
On part avec deux voitures avec deux objectifs: Grande Casse (Petite Face Nord ou Grands Couloirs suivant les conditions) pour Julien, François et moi et Réchasse pour Fred, Nico et Rémi.
On part à l'aube du samedi matin en direction de Pralognan la Vanoise. Le temps est couvert quand nous entamons la montée vers Félix Faure. Celle-ci se fait d'abord le long des pistes de ski puis nous retrouvons le calme lorsque nous nous élevons au-dessus des dernières remontées. François n'est pas en pleine forme, loin de là et la montée lui coûte.
Nous entrons bientôt dans ce qui était il y a peu notre plafond nuageux. Heureusement les traces nous mênent sans trop de difficultés jusqu'au refuge.
Nous nous installons dans le refuge d'hiver où le poêle démarre sans difficultés. On peut commencer à faire chauffer l'eau et faire sécher les chaussettes. D'ailleurs, après une demi-heure la gardienne, qui vient réclamer son dû, entre et demande: "c'est normal que ça sente le brulé?" Tiens oui c'est bizarre cette.. Merde mes chaussettes. J'avais eu la bonne idée de les mettre à quelques centimètres au dessus du poêle et les fibres synthétiques ont commencé à fondre...Dommage, je les aimais bien.
Nous profitons de la présence de la gardienne pour lui demander si la petite face nord est en condition, et nous apprenons qu'elle est en glace noire... Les nuages ont disparus et nous profitons du couché de soleil pour aller faire quelques photos.
Avant de nous coucher, François nous confirme que demain ce n'est pas la peine de le réveiller.
Le lendemain, nous nous réveillons tôt pour partir avec le levé du soleil. La neige est dure, je décide de ne prendre que les crampons.
Dès les premiers mètres Julien prend le large, les skis lui permettant d'aller beaucoup plus vite. Sur le replat intermédiaire je me mords les doigts de ne pas avoir voulu porter les raquettes: La neige croûtée s'effondre à chacun de mes pas et je vois Julien qui s'éloigne tandis que je brasse désespérément. Il m'attendra près de dix minutes au bout du replat...
Les choses sérieuses commencent alors, la pente se redresse franchement et il est temps pour Julien de chausser les crampons.
Je souffle... mais un pas après l'autre j'arrive en haut des Grands Couloirs. De là il faut traverser en direction du plateau sommital. Nous sommes monté un peu trop haut et le léger placage de glace sur les cailloux rend la traversée inconfortable.
Quand nous atteignons le plateau, nous sommes accueillis par un vent violent qui rend difficile les manip' de cordes et la progression (surtout avec la planche de snow qui dépasse de 70cm au dessus du sac...). Nous allons jusqu'au pied de l'arête mais ne prenons pas le risque de nous y aventurer en rampant...
Nous nous préparons tant bien que mal à redescendre...
Il faut retraverser jusqu'au sommet du couloir. On repasse sur le bout des carres la zone foireuse. Je fais toute la traversée face à la pente et ce n'est qu'en arrivant en haut du couloir que je me retourne. Gloups... Bon ben va falloir y aller...
La neige est encore dure et retenir la planche est fatigant: trois virages, une pause...
Puis la pente se radoucit et on peut se lacher un peu plus, faire de vraies courbes et pas des virages sautés. La fin de la descente est avalée d'un trait, mais il faudra encore marcher quelques minutes (durdur en plein soleil..) jusqu'à Félix Faure.
Là nous attendons les autres qui sont partis faire la Réchasse.
Nous redescendons tranquillement vers la voiture, puis bar, demi, voiture, dodo...